
Alice Escande
Principal Advisor
Chaque année, plus de 75 000 décès en France sont attribuables au tabagisme. Une étude de Santé publique France et l’Institut national du cancer menée en 2021 révèle que seuls 22,5 % des fumeurs ont abordé la question du tabac au cours des 12 derniers mois avec un professionnel de santé. Pourtant, les fumeurs accompagnés par un médecin ont de plus grandes chances de réussir à arrêter de fumer que ceux qui tentent d’arrêter seuls. Comment donc encourager les professionnels de santé à initier un accompagnement— et augmenter les chances de succès des fumeurs dans leur parcours vers l’arrêt du tabac ?
C’est la question à laquelle le Behavioural Insights Team (BIT) et Santé publique France ont cherché à répondre grâce à la conception et l’évaluation d’une intervention, inspirée par les sciences comportementales. Cette approche a permis d’augmenter de 13 % le nombre de discussions sur l’arrêt du tabac entre médecins généralistes et patients.
Notre diagnostic comportemental, basé sur une revue de la littérature scientifique, a identifié des barrières clés chez les professionnels de santé dans leur prise en charge du sevrage tabagique : manque de temps, perception erronée des motivations des patients, et sous-estimation de l’importance de leur rôle dans l’arrêt du tabac. Côté patients, des attitudes négatives vis-à-vis du soutien des professionnels de santé, un faible sentiment d’auto-efficacité, et une responsabilité perçue comme personnelle, tendent à freiner leur demande d’aide.
Pour surmonter ces obstacles, nous avons co-conçu trois outils principaux avec les équipes de Santé publique France, des médecins et des patients fumeurs :
L’évaluation d’impact de ces outils a été réalisée grâce à un essai contrôlé randomisé (ECR), impliquant 641 médecins généralistes. Les résultats de cette expérimentation montrent qu’après un mois :
L’évaluation, qui s’est doublée d’une étude qualitative auprès d’une dizaine de médecins, a également identifié des améliorations possibles. Par exemple, la distribution passive des questionnaires (en salle d’attente) était moins efficace que lorsque le personnel médical les remettait directement aux patients. Une signalétique plus saillante pourrait aussi renforcer leur visibilité.
Ce projet met en lumière l’efficacité d’outils simples mais ciblés, qui complémentent les actions de formation et de sensibilisation auprès des médecins. Si les effets individuels peuvent sembler modestes, à grande échelle, ils pourraient significativement réduire le nombre de fumeurs et les coûts associés au tabagisme pour la société.
Intéressés par notre approche ? Vous pouvez retrouver plus de détails sur l’étude sur le site de santé publique france ici, et contactez-nous ici pour en discuter davantage ou pour explorer des opportunités de collaboration.
Pereira G, Pasquereau A, Andler R, Guignard R, Deutsch A, Nguyen Thanh V, et al. Tabac et cancer : perception des risques en 2021 et évolutions depuis 2015. In : Baromètre cancer 2021 Attitudes et comportements des Français face au cancer. Boulogne Billancourt : Institut national du cancer et Santé publique France; 2023. pp. 78-107
Tabac Info Service, 2021: https://www.tabac-info-service.fr/j-arrete-de-fumer/j-arrete-de-fumer-seul-ou-accompagne
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