Alors que les taux d’abstention lors des dernières élections ont atteint des niveaux historiques, les élans de solidarité et d’entraide qui se sont manifestés durant les confinements, ou pour soutenir les populations déplacées par la guerre en Ukraine, montrent que les citoyens restent mobilisés au service des autres et de la société.
Un engagement qui bénéficie à tous : le bénévolat apportant un soutien à ceux qui en ont besoin, mais contribuant également à améliorer le bien-être et la confiance en eux des bénévoles, ainsi que la cohésion sociale dans son ensemble.
Il est pourtant souvent difficile de transformer ces bonnes intentions en actions, et encore plus en habitudes. Alors, comment favoriser, et maintenir, l’engagement civique (pendant et après les crises)?
La semaine dernière, BIT France et La Fabrique du Nous ont réuni des acteurs clés de l’engagement citoyen en France (Emmaüs Connect, Makesense, Hacktiv, Voisins solidaires, Fête des Voisins, Apprentis d’Auteuil, La Cloche, Social Bar, Entourage et Tous tes possibles) pour trouver des solutions concrètes à ces défis.
Ensemble, nous avons réfléchi à des solutions pour 1) générer plus d’intérêt, et d’inscriptions, à des missions de bénévolat, 2) encourager le passage à l’action (venir réaliser une première mission) et 3) encourager les bénévoles à revenir!
Voilà quelques idées à creuser qui serviront à nourrir les réflexions de nos partenaires, et celles du BIT sur les prochains mois.
1) Comment encourager plus d’inscriptions?
Certains citoyens ne se sentent pas concernés par le bénévolat ou ne savent pas comment ils peuvent s’engager. Quand ils se connectent sur des plateformes de bénévolat, ils peuvent facilement abandonner si le site est trop complexe ou si le processus d’engagement (et d’inscription) est perçu comme contraignant ou difficile.
Idée 1: envoyer une lettre aux personnes qui viennent d’emménager dans un quartier pour les encourager à s’engager dans leur communauté. En effet, les moments de transition (tels que l’emménagement, l’arrivée d’un enfant, départ à la retraite, etc.) sont propices pour susciter un changement de comportement. Une étude du BIT à Portland en Oregon (2019) a montré par exemple que les personnes ayant récemment emménagé dans une nouvelle ville étaient quatre fois plus susceptibles de s’inscire à un système de vélo en libre-service.
Idée 2: les sites ou plateformes de bénévolat pourraient simplifier les informations sur leur site internet et rendre le bouton “Je veux aider” plus visible. Le mot “aider” n’est pas anodin et semble plus attrayant que “s’engager” qui sous-entend un processus qui peut être perçu comme contraignant, long et difficile. On pourrait aussi diminuer les frictions sur les sites (par exemple le nombre de clics ou d’étapes nécessaires à l’inscription). Une étude du BIT sur le paiement des impôts a montré que le fait de fournir un lien direct vers un formulaire en ligne (plutôt que vers une page contenant le formulaire) a augmenté le taux de réponse de 19% à 23%.
2) Comment encourager le passage à l’action?
Une fois inscrits, certains peuvent se démotiver en se disant : “Je le ferai plus tard (procrastination)”, “Finalement je ne m’en sens pas capable” (manque d’auto-efficacité) ou encore “J’ai peur de ne pas être à l’aise” (aversion à l’incertitude et à l’effort).
Idée 3: pour ne pas “casser la chaîne du froid”, l’association pourrait proposer une action presque immédiate, dans les 24 heures qui suivent, pour engager le bénévole (par exemple, en lui proposant d’observer une mission). En effet, le fait de réaliser une première petite action peut renforcer le sentiment d’auto-efficacité des individus (ou la croyance en sa capacité à réaliser une tâche) et créer un cercle vertueux d’engagement.
Dès le contact établi entre l’association et le bénévole, l’association pourrait proposer un appel téléphonique pour accueillir le nouveau bénévole. Cela peut lui permettre de se sentir accompagné personnellement, et redevable socialement d’honorer ses intentions – deux leviers pouvant augmenter la motivation à l’action.
3) Comment faire que les bénévoles reviennent, encore et encore?
Idée 4: pour transformer une première action en habitude durable, il est crucial de s’assurer que le bénévole se remémore sa première expérience de manière positive. En effet les individus ont tendance à évaluer une expérience en prenant en compte le sentiment le plus fort que leur a procuré l’expérience, et leur ressenti à la fin de celle-ci (un phénomène connu sous le nom de “peak-end rule”). Célébrer les moments positifs à l’issue des missions, par des moments de partage en groupe ou lors d’entretiens avec un bénévole en charge de l’accueil, peut permettre d’ancrer ces souvenirs.
Idée 5: au fil de l’évolution du bénévole dans une association, un suivi personnalisé peut permettre de donner au bénévole une vision de progrès, de développement. Familière pour tous les départements de ressources humaines, l’importance de cette vision de “développement de carrière” est importante également pour fidéliser les bénévoles.
Qu’en ont pensé les participants?
- “ Je repars avec pleins d’idées concrètes, c’est rare une formation où à la fin on peut en tirer des idées qu’on peut appliquer dans l’immédiat”
- “Je suis touché et content. Quand on a des formations de cette qualité, on a envie d’en faire profiter tout le monde !”
- “Ça m’a permis de mettre des mots sur des concepts que j’utilise au quotidien et de reformuler ce que je fais au cœur de mon métier : comprendre comment et pourquoi les gens font ce qu’ils font “
- “On est tous des bricoleurs des sciences comportementales, mais maintenant [et grâce à cet atelier] on a un “framework” pour regarder ça de manière stratégique, c’est à la fois rassurant et aussi éclairant sur nos forces et nos points de progrès!”
Vous avez d’autres idées ? Contactez-nous pour nous en faire part. Nous organisons des ateliers sur d’autres sujets tels que l’emploi, la santé, l’environnement et bien d’autres sujets, et serions ravis d’en discuter avec vous!